Examen de l’année 2025 et perspectives pour 2026
Alfred Lam - 30 décembre 2026
L’investissement IA s’accélère, mais la monétisation peut-elle répondre à l’élan? Découvrez le raisons de la volatilité et pourquoi certains y voient les prémices d’une bulle.
L’année 2025 a été loin d’être paisible, marquée par la poursuite de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et par des guerres commerciales amorcées par les États-Unis qui ont perturbé des pays, des industries et des entreprises dans le monde entier. Après des mois de négociations, plusieurs nations sont parvenues à un accord avec le gouvernement américain, fixant un taux tarifaire minimum de 15 %. Au Canada, de nombreuses sociétés restent temporairement protégées dans le cadre de l’ACEUM (Accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique). Néanmoins, les secteurs de l’acier et du bois d’œuvre ont subi de fortes baisses des ventes, tandis que l’industrie automobile a vu des emplois et des usines être déplacés vers le sud. Le nouveau gouvernement, dirigé par M. Carney, s’est engagé à diversifier les partenariats commerciaux et à renforcer le commerce interprovincial, même s’il faudra des années pour que les résultats se concrétisent. Sur une note plus positive, le taux de chômage au Canada est passé de 7,1 % en septembre à 6,5 % en novembre, soutenu par quatre baisses de taux d’intérêt en 2025.
Malgré les préoccupations liées aux tarifs douaniers, les économies mondiales et les bénéfices des entreprises ont bien résisté. L’intelligence artificielle (IA) a continué d’imprégner la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’agents conversationnels comme ChatGPT, de la technologie de conduite autonome, ou encore d’analyses avancées. Les investissements dans l’infrastructure de l’IA ont explosé, des pays comme l’Arabie saoudite construisant de manière intensive des centres de données afin d’accroître la capacité de calcul. Alors que les dépenses de consommation sont restées prudentes, les dépenses d’investissement des entreprises et les dépenses publiques (en particulier les engagements en faveur de la défense) ont compensé une grande partie de la faiblesse.
Nvidia, qui est désormais la plus grande entreprise du monde en termes de capitalisation boursière, a fait état d’une croissance extraordinaire de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices, avec des prévisions pour 2026 qui dépassent les attentes. Cela a toutefois suscité un débat : les clients ont-ils surinvesti dans l’IA et cette tendance pourrait-elle constituer bulle? L’ampleur des engagements de capitaux est sans précédent, les dépenses mondiales en infrastructures d’IA étant estimées à environ 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. Les géants de la technologie, Microsoft, Alphabet, Meta et Amazon, se comportent presque comme des entreprises de services publics, générant des revenus résilients lors de crises telles que la COVID-19 et les taux d’intérêt élevés. Mais contrairement aux services publics, ils conservent d’importantes réserves de liquidités, ce qui les rend à la fois uniques et attrayants. Les investisseurs craignent cependant que la solidité des bilans ne s’érode si la demande pour l’IA faiblit ou si la monétisation prend du retard par rapport aux dépenses. Pour l’instant, la demande semble robuste : ChatGPT a atteint 800 millions d’utilisateurs actifs, tandis que sa version entreprise, Copilot, connaît une expansion rapide. Les entreprises sont désireuses d’intégrer l’IA dans les flux de travail et la conception, Palantir, Salesforce et Amazon AWS faisant tous état d’une demande supérieure à l’offre. Suie à quelques mises à jour, la conduite entièrement autonome se rapproche de la perfection et le développement de robots humanoïdes progresse à grands pas. Malgré des investissements importants, la plupart des grandes entreprises conservent une trésorerie nette positive et sont capables d’encaisser des revers.
L’innovation comporte inévitablement des risques, mais la confiance dans l’ingéniosité humaine reste forte. Compte tenu des gains de productivité et du potentiel de transformation de l’IA, l’optimisme prévaut. Contrairement aux entreprises sans substance de l’ère Internet (telles que pets.com), les chefs de file d’aujourd’hui sont de véritables entreprises avec des produits, des clients et des flux de trésorerie. L’année 2026 sera déterminante pour savoir si cette vague d’investissements dans l’IA représente une croissance durable reposant sur des clients et des ventes réels, ou les prémices d’une bulle.
À l’autre extrême, l’or (un actif sans productivité intrinsèque) a vu sa demande s’envoler, les prix passant de 2 625 $ à 4 239 $ l’once (novembre 2025). Étant donné que l’or ne génère aucun revenu et que son utilisation commerciale est limitée à la bijouterie, sa juste valeur est difficile à évaluer et la volatilité des prix reste élevée. Les banques centrales, notamment en Chine et en Russie, ont été des acheteurs actifs dans le cadre de la diversification de leurs réserves de change. On estime que la valeur de l’or hors sol s’élève aujourd’hui à près de 30 billions de dollars. Cela soulève la question suivante : le mouvement haussier de l’or est-il une nouvelle bulle que peu sont prêts à reconnaître?
En ce qui concerne l’avenir, 2026 promet d’être une autre année dynamique, alors que nous équilibrons les occasions avec les risques de bulles potentielles.
À propos de l’auteur
Alfred Lam, MBA, CFA
Alfred Lam, Vice-président principal et co-chef des stratégies multi-actifs, s’est joint à Gestion mondiale d’actifs CI (GMA CI) en 2004. Il apporte plus de 23 ans d’expérience dans le domaine en matière de construction de portefeuille, de répartition d’actifs et de gestion des risques, ce qui comprend la présidence du comité de gestion des investissements multi-actifs et l’évaluation d‘opportunités d’investissement pour générer une valeur ajoutée et gérer les risques. Alfred possède le titre de CFA et un MBA de la Schulich School of Business de l’Université York. Il est un chef de file reconnu en matière d’investissement multi-actifs au Canada. Au cours de son mandat, son équipe a remporté de nombreux prix d’investissement, y compris le meilleur fonds de fonds Morningstar, et a fait quadrupler ses actifs.