Le drame « Trump et DeepSeek »

Alfred Lam - Feb 27, 2025

Les décisions de Trump et l’IA DeepSeek ont plus en commun qu’on ne le pense. Découvrez comment politique et technologie redéfinissent les dynamiques mondiales et les marchés.

Image of glass building and city skyline

Le monde est soudainement devenu plus complexe lorsque Donald Trump a entamé son nouveau mandat à la présidence des États-Unis, coïncidant avec le lancement de DeepSeek, un concurrent chinois visant à contester la domination de ChatGPT.

M. Trump a hérité d’une économie déjà en pleine forme, mais reste désireux d’apporter des changements. Parallèlement à la mise en œuvre de tarifs douaniers, il a promis de prendre le contrôle du canal de Panama, du Canada, du Groenland et de Gaza. Bien que ces propositions agressives puissent être considérées comme des tactiques de négociation, il est parvenu à faire pression sur ces pays pour qu’ils acceptent certaines de ses exigences. Par exemple, le Canada est allé de l’avant avec un plan de 1,3 milliard de dollars pour renforcer la sécurité aux frontières, et le Panama a annoncé son intention de prendre ses distances avec l’initiative chinoise de la « Nouvelle route de la soie » (Belt and Road Initiative). L’attention portée par M. Trump à ces pays s’explique probablement par les précieuses ressources qu’ils offrent : le Canada, par exemple, possède des terres, de l’eau, des minéraux naturels et de l’électricité, dont certains sont cruciaux pour développer les capacités de l’intelligence artificielle. Compte tenu de la trajectoire actuelle, nous nous attendons à des pressions diplomatiques plus intenses dans les mois à venir. Toutefois, les marchés financiers lui rappelleront périodiquement ses limites, la « machine à voter » du marché influençant sa valeur nette ainsi que celle de son administration.

En janvier, le lancement de DeepSeek, l’équivalent chinois de ChatGPT, a provoqué un mouvement de vente sur les marchés. L’indice Nasdaq 100 a chuté de 3,5 %, et Nvidia, l’un des chouchous de l’IA, a reculé de 19,6 % en une seule journée. Cet événement peut être vu sous plusieurs angles. Il ne fait aucun doute que la capacité de DeepSeek à créer un modèle d’IA similaire en si peu de temps, malgré les sanctions américaines sur les semi-conducteurs, est à la fois impressionnante et surprenante. Dans le même temps, les géants américains de la technologie, Microsoft et Meta, ont dépensé des milliards pour développer leurs propres grands modèles de langage (GML). Une question clé demeure : DeepSeek aurait-il été créé si ChatGPT n’avait pas préparé le terrain d’abord? Bien que les investissements de Microsoft et Meta dans l’IA aient été massifs, leurs vastes bases d’utilisateurs facilitent la monétisation de ces projets. Comme l’a dit Mark Zuckerberg, chef de la direction de Meta, l’objectif de l’entreprise est d’être la meilleure et la première, la monétisation venant ensuite. Cette approche a fonctionné pour Meta, qui exploite aujourd’hui une plateforme comptant plus de 3,5 milliards d’utilisateurs actifs (la population mondiale est de 8 milliards, ou de 7 milliards si l’on exclut la Chine, où les médias sociaux étrangers sont interdits). Dans son dernier rapport de résultats, Meta a déclaré un chiffre d’affaires de 48 G$, soit une augmentation de 21 % par rapport à la même période de l’exercice précédent. On peut donc raisonnablement dire qu’ils savent à la fois comment dépenser et gagner de l’argent.

Nous ne pensons pas que le lancement de DeepSeek constitue une menace sérieuse pour Microsoft ou Meta. Au contraire, il confirme que ces entreprises vont dans la bonne direction, en particulier avec le potentiel d’un nouveau milliard d’utilisateurs actifs en Chine. Cette croissance entraînera une augmentation de la demande de matériel, et la concurrence ne fera que s’intensifier à mesure que l’IA évoluera, passant des robots conversationnels aux robots entièrement autonomes et humanoïdes.