Marchés privés : Le crédit plutôt que le capital-investissement
Geof Marshall - May 28, 2024
Les prêteurs alternatifs gagnent en popularité, les investisseurs recherchant des rendements élevés, des écarts de crédit serrés et un faible risque de taux d’intérêt.
En termes de rendement, les actifs du marché privé ont généralement connu une meilleure année absolue en 2023, mais une année relative plus faible par rapport à 2022. Cette année-là, la plupart des marchés privés ont enregistré des performances supérieures aux pertes à deux chiffres subies par leurs homologues des marchés publics. En 2023, aucun actif n’a pu suivre les gains à deux chiffres des actions américaines, et des Sept mercenaires en particulier. Les fonds de crédit privés, qui bénéficient de rendements élevés, et les fonds secondaires de capital-investissement (comme Dawson Capital Partners, avec qui nous avons établi un partenariat) ont généralement affiché les meilleurs rendements et mené la collecte de fonds. Même le capital-risque (notre plus petite attribution dans les Fonds des marchés privés CI) a montré des signes de vie; toutefois, les entreprises restent privées plus longtemps et les jeunes entreprises se concentrent davantage sur le flux de trésorerie que sur la croissance du chiffre d’affaires à tout prix. Bien que la collecte de fonds soit restée difficile, les nouveaux investisseurs en ont tiré profit. Je suis d’avis que les gestionnaires (ou « commandités ») qui enregistrent les meilleures performances attirent un nombre disproportionné de flux entrants.
De notre point de vue, le capital-investissement et le crédit privé se trouvent à des stades différents de leur cycle de vie. Le marché du capital-investissement, plus mature, dépend de la cession d’investissements par le biais de ventes ou d’introductions en bourse pour restituer le capital aux investisseurs avant de lever de nouveaux fonds auprès de ces derniers. Selon le fournisseur de données de marché Preqin, un montant record de 3,2 billions de dollars américains était immobilisé dans des entreprises vieillissantes et à participation restreinte à la fin de 2023. L’écho des hausses agressives des taux de financement à un jour en 2022 continue de résonner alors que le sentiment morose des investisseurs, les coûts d’emprunt élevés et la volatilité des taux d’intérêt sont autant d’éléments qui freinent l’activité des transactions. Bien que nous ayons constaté une accélération des transactions dans l’espace pharmaceutique et dans quelques portefeuilles du secteur de l’énergie, nous espérons que l’engouement suscité par l’IA et les Sept mercenaires se traduira par une plus grande confiance chez les investisseurs à mesure que l’année 2024 progresse. La stabilisation des taux d’intérêt devrait également aider à stimuler les valorisations ainsi que les nouvelles activités de transactions, notamment les privatisations (rachats à effet de levier), et les transactions de promoteur à promoteur et de promoteur à acheteur stratégique.
Le crédit privé, quant à lui, vient tout juste d’atteindre la puberté. Du point de vue de l’offre, les banques américaines sont confrontées à des obstacles réglementaires plus importants et les petites banques régionales américaines sont confrontées à des risques liés à l’immobilier commercial, ce qui limite leur capacité de prêt et ouvre la voie aux prêteurs alternatifs. En termes de demande, les investisseurs réagissent aux rendements élevés et aux écarts de crédit serrés sur les marchés publics et recherchent des rendements à revenu fixe sans risque de taux d’intérêt afin d’éviter une répétition du scénario vécu en 2022. Le crédit privé et toutes ses variantes (prêts directs, prêts adossés à des actifs, prêts en difficulté, prêts de premier rang, etc.) représentent aujourd’hui un marché de 5 billions de dollars américains et pourraient, dans cinq ans, concurrencer en taille et en importance le marché américain des obligations de qualité supérieure, qui représente 8 billions de dollars américains. Les gestionnaires de capital-investissement empiètent sur les plates-bandes des grandes banques, en souscrivant de plus en plus de prêts de milliards de dollars dans le cadre de transactions de capital-investissement.
Nous avons été actifs dans les Fonds des marchés privés CI au premier trimestre. La position dans Harbourvest détenue dans les portefeuilles de solutions gérées a été échangée contre des parts en nature du Fonds de croissance des marchés privés CI et du Fonds de revenus des marchés privés CI. De même, la position dans Adams Street a été échangée contre une position dans le Fonds de croissance des marchés privés CI. Dans les deux cas, les fonds devraient bénéficier de l’ajout de structures de fonds ouverts détenant des investissements à maturité, ce qui devrait favoriser la liquidité des fonds. Les portefeuilles de solutions multi-actifs gérées bénéficient d’une exposition plus diversifiée aux marchés privés. Les capitaux levés grâce aux nouvelles souscriptions ont été déployés dans deux relations existantes et deux nouveaux partenariats. Les deux relations existantes sont Dawson Capital Partners Fund V (auparavant Whitehorse), un fournisseur de financement pour les fonds secondaires de capital-investissement (qui se présente comme un souscripteur de participations privilégiées dans des fonds d’investissement afin que les investisseurs existants [commanditaires] n’aient pas à vendre à des décotes substantielles), et Apollo Realty Income Solutions, un véhicule hybride d’emprunt et de capitaux propres immobiliers. Les deux nouveaux partenariats sont 26North, une nouvelle société de capital-investissement créée par Josh Harris, cofondateur d’Apollo, qui a attiré des talents de haut niveau issus de Brookfield et de McKinsey, et Ardian Infrastructure, un gestionnaire basé en Europe qui devrait compléter notre position dans Harbourvest. Nous avons conclu les recherches afin de trouver un nouveau gestionnaire de crédit privé et un gestionnaire de capital-risque axé sur la technologie, et nous procédons actuellement à des vérifications nécessaires. Nous espérons avoir plus de détails à partager à la fin du deuxième trimestre.