Au bord de la récession
Connor Morris - Jan 25, 2023
Les économies mondiales ont du mal à trouver un équilibre au lendemain de la grande réouverture. L’année 2023 sera-t-elle l’année de la reprise ou de la récession? La réponse peut varier selon le pays.
La récession semble être le sujet dominant pour 2023. La profondeur de la récession et ce qui peut la déclencher pourraient différer d’un pays à l’autre. Au Canada, la hausse des taux a entraîné un refroidissement de la demande de immobilier avec l’augmentation des paiements hypothécaires. Cependant, nous bénéficions d’une politique d’immigration agressive et d’une demande accrue pour des produits de base. La situation de l’emploi est généralement solide, ce qui serait un argument en faveur d’une récession légère et peu profonde (si elle se produisait).
La Réserve fédérale adopte une approche agressive
Aux États-Unis, la situation est quelque peu différente. L’augmentation des taux a comprimé les valorisations des sociétés de croissance qui dominent l’indice S&P 500 et l’économie américaine. Des licenciements agressifs se sont produits dans le secteur de la technologie, ce qui a également des conséquences sur la consommation. La Réserve fédérale a suivi une politique de hausse des taux d’intérêt très agressive et les marchés croient globalement qu’une récession est inévitable. La banque centrale semble se soucier davantage de ramener l’inflation à 2 % que du risque de récession. Cela signifie que si l’inflation ne retombe pas à 2 % avant le début d’une récession, la politique monétaire restera serrée. Les probabilités que ce scénario se produise sont inférieures à 50 %, car nous nous attendons à ce que l’inflation ralentisse considérablement au cours des prochains mois, alors que les vendeurs de produits et de services perdent leur pouvoir de détermination des prix et que les consommateurs sont devenus prudents en raison de l’effet négatif de la baisse des prix des actifs. La mauvaise nouvelle est que les bénéfices des sociétés américaines sont peu susceptibles d’augmenter suffisamment pour justifier les facteurs de valorisation actuels.
L’Europe et l’Asie demeurent incertaines
Le scénario est plus intéressant à l’extérieur de l’Amérique du Nord. Le risque que l’Europe soit à court de gaz naturel s’est atténué, car l’hiver a été plus chaud que la normale. Les stocks sont à des niveaux sains et les européens ont accès au gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger. À mesure que la Chine rouvrira, la demande de marchandises en provenance de l’Europe augmentera probablement et, même si l’augmentation de la demande ne sera peut-être pas suffisante pour sauver l’Europe de la récession, elle pourrait permettre un atterrissage en douceur, à condition que l’inflation ait effectivement atteint un sommet et que la BCE reste relativement conciliante. En Asie, le Japon connaît une tendance de croissance/récession lente depuis des décennies en raison du vieillissement de sa population. Le Japon a connu un problème de déflation depuis des décennies et a finalement connu une certaine inflation en 2022. La Banque du Japon a accueilli favorablement cette inflation et a été la seule grande banque centrale à ne pas augmenter ses taux en 2022. Cela a entraîné une baisse spectaculaire de la valeur du yen par rapport aux autres devises.
La réouverture tant attendue de la Chine
Dernier point, mais pas des moindres : la Chine. En raison d’une politique zéro COVID en vigueur depuis trois ans, l’économie chinoise a ralenti, principalement au niveau de la demande interne. En 2023, la demande pour les produits chinois (c.-à-d. les exportations) pourrait chuter légèrement en raison de la récession, mais le « manque » sera plus que compensé par la demande locale suite à l’abandon de la politique zéro COVID. Nous constatons que les consommateurs sont impatients de dépenser après des économies record au niveau des ménages. L’achalandage des sites Web de réservation de voyage a augmenté de façon spectaculaire, car les gens veulent voyager, tout simplement. Ce sera une année très intéressante pour la Chine, car elle subit maintenant ce que le reste du monde a vécu lors de la réouverture en 2021.
Chaque pays a ses propres obstacles à surmonter avant que la menace de récession ne puisse être considérée comme passée. Ce n’est qu’avec le temps que nous saurons quelles banques centrales ont adopté la bonne politique monétaire pour assurer un atterrissage en douceur.
Les économies mondiales ont du mal à trouver un équilibre entre la baisse de l’inflation et l’évitement de la récession. Aux États-Unis, la politique monétaire devrait rester serrée et les bénéfices des sociétés resteront probablement faibles, créant une image négative pour l’économie américaine en 2023. Par contraste, le Canada est positionné plus favorablement, car la demande de produits de base demeure élevée, ce qui soutient une prévision de récession plus légère. La douceur de l’hiver a alimenté l’optimisme pour l’Europe, tandis que la lutte continue du Japon pour soutenir sa population vieillissante a entraîné une baisse de valeur pour le yen. Tous les regards seront tournés vers la Chine alors qu’elle rouvre finalement, ce qui pourrait avoir des résultats mitigés alors que la demande locale de marchandises augmente et que les exportations chutent.