À quoi s’attendre en 2024
Alfred Lam - 18 janvier 2024
Alors que 2023 touche à sa fin, penchons-nous sur les changements et les défis de l’année écoulée et explorons les tendances et les occasions d’investissement excitantes pour l’année à venir.
C’est la période de l’année où nous revenons sur l’année écoulée passée, célébrons les accomplissements et nous tournons vers l’avenir.
Après une année 2022 plus difficile, les actions et les titres à revenu fixe ont tous deux enregistré des performances positives en 2023. Les sociétés technologiques (les « sept mercenaires » en particulier), qui font désormais partie intégrante de notre mode de vie, ont contribué de manière significative aux rendements des marchés des actions. Les banques centrales, telles que la Réserve fédérale, la Banque du Canada et la Banque centrale européenne, augmentaient les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. En conséquence, les marchés des titres à revenu fixe ont été très volatils et ont passé la majeure partie de l’année en territoire négatif. Les tensions géopolitiques restent intenses avec la poursuite de la guerre en Russie et en Ukraine et un nouveau conflit au Moyen-Orient.
Comme on peut s’y attendre, tous les événements ne commencent pas en janvier et ne se terminent pas en décembre. Certaines des tendances qui se manifesteront probablement en 2024 se dessinent déjà à l’approche du dernier trimestre de 2023. Au Canada, nous avons constaté un ralentissement de notre économie et une baisse substantielle des ventes de biens immobiliers. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,1 % en glissement annuel en octobre. Bien qu’il soit toujours au-dessus de l’objectif de 2 % de la banque centrale, il est considérablement inférieur par rapport à la lecture de 8,1 % au sommet de juin 2022 et de 3,8 % en septembre. (tableau ci-dessous) Aux États-Unis, l’inflation se refroidit également, mais l’économie et les marchés de l’emploi demeurent très solides. Les Canadiens sont en général plus sensibles aux taux d’intérêt élevés, car ils sont en moyenne plus endettés et leurs prêts hypothécaires sont de plus courte durée, ce qui fait qu’ils sont révisés à la hausse plus tôt.
Canada - Inflation globale
On s’attend généralement à ce que le cycle de hausse des taux soit maintenant terminé dans la plupart des pays, y compris au Canada et aux États-Unis. Étant donné que les investisseurs et les banquiers centraux prévoient des taux neutres de 2 % à 3 %, les taux actuels sont extrêmement restrictifs et ne sont probablement destinés qu’au court terme. Les investisseurs ont prêté attention à toutes les données économiques et aux discours des banquiers centraux pour évaluer l’orientation des taux en 2023. Alors que les données économiques sont objectives et reflètent les activités économiques, les commentaires des banquiers centraux sont subjectifs. Nous nous attendons à ce que les investisseurs se soucient moins de ce que disent les banques centrales en 2024 et davantage de l’économie elle-même, car le consensus veut que les taux aient atteint leur maximum. Comme nous l’avons dit précédemment, l’économie canadienne connaît déjà un ralentissement qui entraîne une baisse des prix. La situation risque de s’aggraver dans les mois à venir si les taux restent à leur niveau actuel. Les ménages qui ont un prêt hypothécaire, soit la majorité de la population, se refinancent à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés, ce qui augmente considérablement leurs paiements. Par exemple, le paiement d’un prêt hypothécaire de 500 000 $ augmenterait de 850 $ par mois, car les taux sont passés de 3 % à 6 %. Les Canadiens sont donc contraints de dépenser moins pour tout le reste. Nous prévoyons que la Banque du Canada réduira ses taux en 2024 afin d’éviter une grave récession économique. Cela pourrait se produire dès le premier trimestre et les réductions de taux pourraient atteindre 150 points de base en 2024. La courbe de rendement semble saisir correctement les baisses, les obligations du gouvernement du Canada à 2 ans étant à 4,07 % (au 5 décembre 2023), les obligations à 5 ans à 3,46 % et les obligations à 10 ans à 3,37 %, comparativement aux taux à un jour à 5 %.
La situation est meilleure aux États-Unis, où les propriétaires bénéficient de taux bas bloqués pour des durées plus longues, les prêts hypothécaires étant généralement d’une durée de 30 ans. Cela signifie que la hausse des taux n’a pas eu d’impact sur les acheteurs de propriétés. L’inflation se tasse, grâce à la baisse des prix à l’importation (due en partie à la vigueur du dollar américain) et, bien sûr, à l’atténuation des contraintes d’approvisionnement rencontrées pendant la crise de la COVID-19. L’économie américaine est également résistante pour d’autres raisons. Elle domine dans le développement des technologies, en particulier dans les téléphones intelligents, les moteurs de recherche sur internet, les logiciels et l’intelligence artificielle. Des sociétés comme Apple ont en fait bénéficié de la hausse des taux d’intérêt en percevant des intérêts plus élevés. (Apple a perçu 984 millions de dollars américains de revenus d’intérêts au cours du trimestre fiscal qui s’est achevé en septembre). La dernière série de résultats des sociétés a confirmé que les États-Unis n’étaient pas près d’entrer en récession, 82 % d’entre elles ayant réalisé des bénéfices supérieurs aux prévisions (voir le graphique ci-dessous). Les Américains pourraient se permettre de maintenir des taux d’intérêt plus élevés pendant plus longtemps.
Source : LSEG I/B/E/S
Ailleurs, nous nous attendons à ce que les problèmes du secteur immobilier en Chine persistent et pèsent sur l’économie. Il faudra des années pour résorber les situations de surconstruction dans l’immobilier et l’industrie manufacturière. En attendant, la situation est déflationniste pour ceux qui achètent des produits en Chine. Le Japon constitue un point positif, avec des taux d’intérêt bas et une croissance solide. Le yen a été pénalisé par le fait que la Banque du Japon n’a pas suivi ses pairs dans la hausse des taux. À la fin du cycle de hausse des taux, nous nous attendons à ce que le yen se renforce par rapport au dollar canadien et au dollar américain.
Nous restons optimistes à l’égard du secteur technologique, car les bénéfices sont stables et les nouvelles technologies, telles que l’IA générative et l’informatique à grande vitesse, stimulent la croissance indépendamment de l’économie. Étant donné que les États-Unis dominent le secteur technologique, nous pensons que l’économie américaine restera résistante malgré des taux élevés. La première baisse de taux aux États-Unis pourrait avoir lieu vers la fin du deuxième trimestre, plutôt qu’au début comme nous le prévoyons pour le Canada. Par conséquent, nous préférons avoir une exposition plus importante au dollar américain et aux obligations américaines plutôt qu’au dollar canadien et aux obligations canadiennes. Nous surpondérons également le secteur technologique.
Les transactions à faible risque pour 2024 seront probablement les obligations d’entreprises à duration courte. Du point de vue de la durée, elles gagnent une prime par rapport aux obligations à long terme, car la courbe des taux est inversée. Elles bénéficient également d’une prime à terme supplémentaire, et nous pensons que le risque est minime à court terme.
Ensuite, c’est probablement l’IA générative qui s’impose grâce aux semi-conducteurs, aux centres de données et aux logiciels. Nous sommes au début d’une tendance révolutionnaire, et ces secteurs connaîtront une forte augmentation de la demande et des marges bénéficiaires très élevées pendant un certain temps. La dernière fois que nous avons connu une telle mégatendance, c’était avec l’internet et les téléphones intelligents il y a plus de 20 ans, et avec l’ordinateur personnel il y a 50 ans. Il est important de saisir cette tendance et de ne pas l’ignorer. Cependant, elle aura sa part de volatilité.
Dans l’ensemble, les marchés obligataires devraient générer un rendement très proche du taux de rendement, qui est de 4 %. Ceux qui espèrent davantage en raison de la baisse des taux seront probablement déçus, car le redressement a déjà commencé en novembre de cette année, lorsque les attentes ont été révisées. Les actions s’en sortiront bien, à condition que les taux d’intérêt baissent et que les économies mondiales ralentissent modérément, mais pas de manière significative. Les marchés des actions seront divergents, ce qui favorisera la sélection des titres, car il y aura des gagnants et des perdants à la suite du changement révolutionnaire dont nous avons parlé plus haut.
Enfin, la Chine pourrait surprendre à la hausse si les efforts de stimulation sont efficaces et si les investisseurs font leur retour en Chine après avoir été inquiets pour des raisons à la fois économiques et politiques. En parlant de politique, nous avons également des élections américaines en novembre 2024. Il est probablement trop tôt pour savoir qui sera le prochain président des États-Unis et quelles en seront les conséquences.
En mon nom et au nom de mes collègues, nous vous souhaitons de joyeuses et saines Fêtes de fin d’année et vous présentons nos meilleurs vœux pour l’année 2024.
Sommaire
À l’approche de la fin de l’année 2023, de nombreuses tendances devraient persister en 2024. Du côté négatif, les tensions géopolitiques, l’inflation élevée, les taux d’intérêt élevés et les problèmes dans le secteur immobilier devraient se poursuivre au début de la nouvelle année. D’autre part, les sociétés d’IA et de technologie devraient continuer à soutenir les marchés des actions, tandis qu’un dollar américain fort, un marché de l’emploi résilient et la possibilité de réductions des taux donnent lieu à l’optimisme. Quelques éléments inconnus, comme le résultat de l’élection présidentielle américaine à venir et le rebond économique possible de la Chine, sont également des domaines clés à surveiller.
À propos de l'auteur
Alfred Lam, MBA, CFA
Alfred Lam, Vice-président principal et co-chef des stratégies multi-actifs, s’est joint à Gestion mondiale d'actifs CI (GMA CI) en 2004. Il apporte plus de 23 ans d’expérience dans le domaine en matière de construction de portefeuille, de répartition d'actifs et de gestion des risques, ce qui comprend la présidence du comité de gestion des investissements multi-actifs et l'évaluation d'opportunités d’investissement pour générer une valeur ajoutée et gérer les risques. Alfred possède le titre de CFA et un MBA de la Schulich School of Business de l’Université York. Il est un chef de file reconnu en matière d'investissement multi-actifs au Canada. Au cours de son mandat, son équipe a remporté de nombreux prix d’investissement, y compris le meilleur fonds de fonds Morningstar, et a fait quadrupler ses actifs.