Conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et sur le contexte de l’investissement

Connor Morris - Mar 23, 2022
L’invasion russe de l’Ukraine est une violation flagrante du droit international. L’invasion a déjà eu des conséquences sur la sécurité mondiale. Découvrez les implications et ce qu’elles signifient pour le contexte de l’investissement.

Nous sommes tous attristés par la nouvelle de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nous espérons que cette guerre prendra fin rapidement et que les populations des deux pays retrouveront le calme.

Dans un premier temps, les marchés ont réagi à l’invasion avec sérénité, car les inquiétudes imminentes sont devenues réalité, ce qui est généralement considéré comme une bonne nouvelle par les marchés financiers. Au fil des ans, nous avons assisté à des conflits et des guerres entre pays, généralement considérés par les investisseurs comme des événements isolés. La situation était la même cette fois-ci, mais seulement au début. Cette invasion était impopulaire et a touché le cœur de nombreux dirigeants et civils de partout au monde. Grâce aux réseaux sociaux, nous avons été témoins du leadership vigoureux du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui n’a pas abandonné son peuple. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’est rapidement transformé en un conflit entre la Russie et le reste du monde. De nombreux pays, avec en tête les États-Unis, le Canada et l’Union européenne, ont rapidement réagi par des sanctions. La réponse a été considérable et comprenait certaines des sanctions les plus sévères de l’histoire. Le rouble russe a chuté de 20 % en un jour par rapport au dollar américain, tandis que les investisseurs se débarrassaient des actifs russes non seulement pour exprimer leur frustration mais aussi pour couper les liens. Les sociétés du secteur de l’énergie, BP PLC et Shell PLC, ont également été les premières à renoncer à leurs investissements de Russie.

Notre exposition aux actifs russes était minime. Nous n’avons jamais eu de préférence pour ce pays, car la prise en compte du risque politique fait partie de notre processus d’investissement. Généralement, nous investissons une grande partie de nos actifs dans des pays développés, qui disposent de systèmes judiciaires solides et de gouvernements élus par la population. Les investisseurs étant devenus plus pessimistes, l’appétit pour les sociétés les plus solides du monde a également été affecté. Toutefois, il est important de noter que les sentiments à l’égard des bonnes sociétés peuvent changer.

Nous avons assisté à des mouvements spectaculaires sur les marchés au cours des dernières semaines. Outre la pression baissière évidente sur les actions, les matières premières telles que l’or et le pétrole ont enregistré une hausse significative et les attentes en matière de taux d’intérêt ont diminué. Par exemple, avant l’invasion, les marchés prévoyaient que la Réserve fédérale américaine augmenterait ses taux six fois en 2022. C’est maintenant quatre fois. La Banque du Canada a augmenté ses taux de 25 points de base le 2 mars 2022 au lieu de 50 points de base. Ce type de marché incertain peut amener les investisseurs à agir de manière émotionnelle. Il est évidemment réconfortant de se positionner de manière défensive et de courir après les valeurs refuges telles que l’or et les obligations d’État et de délaisser les actifs de croissance. Le problème est que cela positionne les investisseurs pour un résultat binaire, ce qui n’est pas viable. Il convient de rappeler aux investisseurs de ne pas s’écarter de leurs objectifs d’investissement, même si c’est un peu plus difficile actuellement.

Lorsque nous investissons, nous n’avons absolument aucune idée de l’évolution de notre investissement dans l’heure, le jour, la semaine et le mois à venir. Nous nous concentrons sur l’horizon d’investissement, généralement sur cinq ans ou plus, pour presque tous nos portefeuilles. Pendant cette période, le sentiment est moins important et les fondamentaux (bénéfices, évaluations et rendements) dominent. Nous continuons à avoir des perspectives positives pour les actions, car les consommateurs se portent à merveille avec des salaires en hausse et un revenu des ménages en augmentation. Nous pensons également que l’innovation technologique se poursuivra indépendamment des guerres, de la hausse des taux et d’autres facteurs. Cela profitera au secteur des semi-conducteurs qui fournit le « carburant ».

Depuis cette guerre, certaines choses ont changé. Tout d’abord, il est peu probable que l’intérêt pour les investissements russes revienne. Il faut des années pour construire la confiance et quelques jours pour la détruire, et elle a été détruite. En outre, l’OTAN devra renforcer sa défense contre la Russie, car cet incident prouve que la menace est croissante. L’Allemagne a annoncé sa décision d’augmenter son budget militaire à plus de 2 % du PIB. Deuxièmement, le monde consommera beaucoup moins de produits de base russes. La Russie est un important fournisseur de pétrole, de gaz naturel et de palladium. Nous nous attendons à ce que les prix augmentent à mesure que l’offre diminue. Cela exerce une pression inflationniste plus forte sur le monde, en particulier sur l’Europe, qui se procurait historiquement de grandes quantités de matières premières en Russie pour des raisons géographiques. La hausse de l’inflation et la baisse de la confiance des entreprises nuiront probablement à la croissance du PIB européen au cours des prochains trimestres. Troisièmement, les banques centrales auront une tâche difficile. Alors que l’inflation augmente dans l’immédiat, la confiance des entreprises se fait fragile. Une variation trop importante et trop rapide des taux mettra en péril la reprise économique. Nous prévoyons que les taux n’augmenteront que lentement, la Banque centrale européenne retardant son action d’au moins six mois. Par conséquent, les taux d’intérêt seront négatifs après l’inflation pendant plus longtemps.

Compte tenu de ces changements, nous avons procédé à certains ajustements de nos portefeuilles. Notamment, l’augmentation de la pondération du secteur de l’énergie, la diminution de l’exposition à l’Europe et le maintien de notre positionnement en obligations sous-pondérées. Nous avons également favorisé le dollar américain par rapport à l’euro et au dollar canadien. Tous ces changements suffisent à nous placer dans une meilleure position et à nous maintenir sur la voie des investissements.