IA : nouveau paradigme économique et nouvelle ère d’investissement
Alfred Lam - 21 novembre 2024
Les gestionnaires expérimentés ont connu de nombreuses tendances, mais rien de comparable à l’IA. Cette mégatendance crée un bouleversement dans l’investissement moderne.
Ce mois-ci, j’ai décidé de faire une entrevue avec moi-même. J’ai hâte de répondre à toutes mes questions!
Intervieweur : Bonjour, Alfred. Comment as-tu débuté dans le secteur?
Alfred : Je trouvais l’idée de l’investissement fascinant, c’est toujours le cas d’ailleurs. Sans pour autant travailler dans une entreprise, il est possible d’être copropriétaire de celle-ci (ou de plusieurs entreprises) et de participer à sa croissance en détenant des actions. J’ai commencé à investir à l’âge de 15 ans et j’ai toujours rêvé de devenir gestionnaire d’investissements. Mon rêve est devenu réalité en 2008 (j’avais 33 ans), après avoir travaillé pendant huit ans dans le secteur et reçu une formation en économie et en finance.
Intervieweur : Quel est le changement le plus important dans le secteur par rapport à la situation qui prévalait il y a 25 ans, lorsque tu as commencé ta carrière?
Alfred : Ce doit être la rapidité de la circulation de l’information. Lorsque j’ai commencé, les gens envoyaient encore des documents par courrier ou par télécopie. Aujourd’hui, l’information circule très rapidement. De la main de l’émetteur à votre bureau, la transmission ne prend que quelques secondes. De plus, l’information est gratuite et facilement accessible grâce aux terminaux Bloomberg, aux nouvelles sur Internet, à la télévision, etc. Au lieu de manquer d’informations, nous en avons eu une surabondance! Bien que tout le monde puisse avoir la même information, tout le monde n’en tirera pas la même conclusion. Il s’agit d’une compétition pour déterminer ce que les nouvelles informations signifient pour les cours des actions.
Intervieweur : Donc, le « jeu » a changé?
Alfred : Absolument. Vous devez faire preuve de précision et être rapide. Autrefois, il s’agissait de prendre son temps et d’être « simplement » précis.
Intervieweur : Aimes-tu toujours investir?
Alfred : Beaucoup. Chaque jour, de nouvelles innovations et de nouvelles améliorations sont mises en œuvre. Nous avons pour mission de les trouver et d’investir notre capital en conséquence. On ne s’ennuie jamais.
Je le dis souvent, mais je n’ai jamais vu une mégatendance aussi significative que l’intelligence artificielle (IA). Elle aura probablement un impact plus important sur notre mode de vie que les tendances précédentes : l’ordinateur personnel dans les années 80, l’Internet et les téléphones intelligents au tournant du millénaire. Comme nous n’en sommes qu’au début, les possibilités d’investissement sont énormes et vous avez déjà pu constater une croissance très solide des bénéfices de certaines sociétés, comme Nvidia, qui a créé des processeurs graphiques pour permettre de faire du « rêve de l’IA » une réalité.
Intervieweur : En parlant d’IA, ne crains-tu pas qu’elle remplace les humains?
Alfred : L’un des avantages de l’IA est la productivité. Grâce à une productivité plus élevée, le niveau de vie devrait être amélioré. Évidemment, il y aura des pertes, mais l’économie se rééquilibrera toujours et de nouveaux emplois seront créés. Nos grands-parents travaillaient sept jours par semaine, nous travaillons aujourd’hui cinq jours, et je peux imaginer qu’à la fin de la décennie, nous pourrions ne travailler que trois ou quatre jours. Par ailleurs, les machines/l’IA sont également une solution au vieillissement de la population.
Intervieweur : Quand les robots feront-ils partie de notre vie quotidienne?
Alfred : Ils sont déjà là. Mais tous les robots n’ont pas des bras et des jambes. Si vous conduisez une Tesla, il y a déjà un robot assis à côté de vous, il n’a ni jambes ni bras, mais un « cerveau » et des « yeux » grâce aux caméras et à la collecte et l’analyse d’informations dans les centres de données. Ces robots ont été formés à la conduite en observant des millions de personnes conduire. Ils ont des données sur des situations de conduite que vous et moi ne connaîtrons probablement jamais. Nous sommes très proches de l’avènement du transport sans conducteur.
Intervieweur : Quelle en est la principale implication du point de vue de l’investissement?
Alfred : Se baser sur le passé pour prédire l’avenir est devenu très risqué. Par exemple, si une entreprise peut surprendre par la croissance de ses bénéfices à la hausse et ce, de façon régulière, elle sera constamment sous-évaluée mais apparaîtra surévaluée. Tu me diras : « mais comment ils peuvent surprendre les investisseurs »? Eh bien, en créant des choses auxquelles nous n’avions jamais pensé.
Intervieweur : As-tu un conseil à donner pour notre audience?
Alfred : Si vous craignez que les robots vous « volent votre place », la solution idéale serait de posséder les robots. Comme je l’ai mentionné, investir vous permet de devenir copropriétaire d’une entreprise. Nous travaillons pour payer nos dépenses, mais nous devrions aussi consacrer plus de temps que jamais à l’investissement, car cette composante nous aide à atteindre la liberté financière et à « couvrir » efficacement nos pertes face à la concurrence des robots.
Il convient également d’être conscient que ces investissements seront parfois volatils, car les attentes dépasseront la réalité, et vice versa. Laissez quelqu’un d’autre gérer l’excitation et la déception pour vous.
Intervieweur : Merci pour tes réflexions et nous te souhaitons beaucoup de succès.
Alfred : Merci!
Intervieweur : Avant de te laisser partir, peux-tu partager ton opinion sur l’élection américaine et en particulier le retour de M. Trump à la présidence des États-Unis?
Alfred : Le fait qu’un nouveau président américain ait été annoncé le jour même de l’élection et ce, sans violence est une victoire pour tout le monde. Pour ce qui est des détails, M. Trump apportera des changements : des tarifs douaniers sur les importations, une baisse de l’impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises américaines. Cela se traduira probablement par une croissance économique réelle légèrement plus élevée, une hausse de l’inflation, mais aussi des bénéfices nominaux pour les entreprises, ainsi qu’une montée du cours des actions. En guise de défense contre les politiques douanières de M. Trump face au reste du monde, nous pourrions assister à une relance budgétaire « réticente » et synchronisée de la part de tous ses partenaires commerciaux; et cela devrait probablement commencer avec la Chine.
Intervieweur : Merci pour tes réflexions et nous te souhaitons beaucoup de succès.
Alfred : Merci!