La puissance de l’échelle
Alfred Lam - Oct 30, 2025
Le moteur ultime de la valeur sur le marché est l’échelle. Découvrez cet ingrédient caché qui distingue les petites entreprises de celles valant des billions de dollars.
Il existe actuellement neuf sociétés dans le S&P 500 dont la capitalisation boursière dépasse le billion de dollars. La plus grande d’entre elles est Nvidia Corp., évaluée à 4 550 milliards de dollars, tandis que la plus petite est Berkshire Hathaway Inc., évaluée à 1 070 milliards de dollars. Ces grandes sociétés (à l’exception de Berkshire Hathaway) sont principalement des géants dans le domaine des logiciels et du matériel informatique, des entreprises dont nous utilisons directement ou indirectement les produits au quotidien.
Vous connaissez sans doute mieux des sociétés telles que Microsoft, Apple, Amazon, Meta (maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp) et Alphabet (maison mère de Google). Il est intéressant de noter qu’à l’exception de Microsoft et d’Apple, la plupart de ces sociétés ne figuraient pas parmi les dix principales entreprises du S&P 500 il y a vingt ans. À l’époque, ces places étaient occupées par des banques, des sociétés du secteur des biens de consommation de base, de l’énergie et des produits pharmaceutiques; des secteurs qui ne jouent plus un rôle aussi central dans notre vie quotidienne.
Le succès de sociétés comme Meta repose sur un avantage clé : l’échelle. Meta dessert plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde entier grâce à ses plateformes. En coulisses, ce sont les logiciels et l’intelligence artificielle qui propulsent cette portée, permettant à la société d’opérer efficacement malgré sa base d’utilisateurs colossale. Meta n’emploie que 74 000 personnes, ce qui signifie que chaque employé dessert, dans la pratique, environ 47 000 utilisateurs. Grâce à des analyses de données avancées, Meta peut comprendre les préférences des utilisateurs et diffuser des publicités ciblées avec une grande efficacité, le tout sans avoir besoin d’équipes de vente traditionnelles. Son infrastructure numérique lui permet d’augmenter le nombre d’utilisateurs et son chiffre d’affaires sans augmenter proportionnellement ses effectifs.
Cependant, ce type d’échelle est rare. La plupart des entreprises sont limitées par des contraintes physiques. Prenons l’exemple d’un kiosque alimentaire situé dans le quartier des affaires du centre-ville de Toronto. Quelle que soit la popularité du kiosque, son chiffre d’affaires est limité par deux facteurs : le temps et la productivité de la main-d’œuvre. Il n’est peut-être fréquenté que pendant les trois heures de pointe du déjeuner (de 11 h à 14 h) et même avec une efficacité maximale (par exemple en servant six déjeuners par minute) l’équipe ne peut servir que 1 080 déjeuners par jour. Avec un bénéfice de 5 dollars par déjeuner (après déduction des coûts tels que le loyer, les ingrédients et la main-d’œuvre), cela représente un bénéfice quotidien maximal de 5 400 dollars. Par conséquent, même si l’entreprise est populaire et toujours très fréquentée, sa valeur est, en fin de compte, limitée par sa capacité à croître en échelle. Par conséquent, le chemin qu’elle doit parcourir pour atteindre une valeur d’un billion de dollars est long.
La leçon à retenir? Chaque particulier et chaque entreprise qui souhaite se développer doit réfléchir de manière critique à la question de l’échelle. Si votre modèle actuel ne s’adapte pas naturellement, vous devez trouver des moyens (ou mettre en place des systèmes) pour y parvenir. Investir dans des entreprises qui y parviennent est un moyen d’y arriver.
À propos de l’auteur
Alfred Lam, MBA, CFA
Alfred Lam, Vice-président principal et co-chef des stratégies multi-actifs, s’est joint à Gestion mondiale d’actifs CI (GMA CI) en 2004. Il apporte plus de 23 ans d’expérience dans le domaine en matière de construction de portefeuille, de répartition d’actifs et de gestion des risques, ce qui comprend la présidence du comité de gestion des investissements multi-actifs et l’évaluation d‘opportunités d’investissement pour générer une valeur ajoutée et gérer les risques. Alfred possède le titre de CFA et un MBA de la Schulich School of Business de l’Université York. Il est un chef de file reconnu en matière d’investissement multi-actifs au Canada. Au cours de son mandat, son équipe a remporté de nombreux prix d’investissement, y compris le meilleur fonds de fonds Morningstar, et a fait quadrupler ses actifs.